« Si l’argent ne fait pas le bonheur, rendez-le ! » disait Jules Renard en forme de boutade. Sur le lien entre argent et bonheur, les études sont malheureusement contradictoires. Certaines voient clairement un lien de cause à effet. D’autres n’envisagent absolument aucune corrélation entre les deux. D’autres encore évitent de trancher et laissent planer le doute. Pour ma part, je ne sais pas quelles études il faut croire. Mais ce que je peux vous dire en revanche, c’est que dans cinq minutes vous connaîtrez une façon de faire en sorte que votre argent contribue immanquablement et durablement à votre bonheur.

« Le bonheur ne m’ennuie jamais. » Henry de Montherlant (1895-1972), romancier.

Quatre jours avec Dr Joe Dispenza

Un jour je suis allé à Bonn, en Allemagne pour assister à un séminaire du Dr Joe Dispenza. Joe Dispenza est un chercheur en neurosciences, physique quantique et spiritualité, qui délivre depuis une vingtaine d’années un enseignement pratique sur les thèmes, notamment, du bonheur et de la guérison. Ces quatre jours passés avec lui (nous étions 1.500 d’une vingtaine de pays différents) comptent parmi les plus beaux jours de ma vie. L’événement m’a coûté 949 Euros pour le séminaire lui-même, repas compris, 217 Euros de train, 180 Euros d’hébergement, 9,50 Euros de métro, et 3 Euros de carte postale que j’ai oublié de poster. Total : 1.358,50 Euros.

Le bonheur est dans l’expérience

Pour le coût de ce séminaire, j’aurais pu m’acheter une belle montre ou un autre stylo, ou encore un nouveau smartphone. Mais ça ne m’aurait pas rendu aussi heureux. Toutes les études concordent : ce sont les expériences vécues qui nous procurent du bonheur, pas les objets. Il y a de nombreuses raisons à cela, selon Sonja Lyubomirsky, directrice du laboratoire de psychologie positive de l’Université de Californie. Mais je n’en citerai ici que quelques unes.

Partager, c’est vivre

Tout d’abord, l’expérience a un caractère social. On peut la partager. On peut même partager l’émotion qu’elle a suscitée. Quand vous parlez de votre nouveau ballon de foot ou de votre nouveau sac à main à votre ami(e), vous partagez infiniment moins qu’au cours d’un pique-nique familial avec houmous, chips et rigolade au menu. La relation entre deux personnes est plus profonde dans le partage d’une expérience qu’au cours d’une conversation centrée sur un objet possédé par l’une des deux.

Vivez l’incomparable

Ensuite, votre expérience vécue ne peut absolument pas se comparer à celle de quelqu’un d’autre. Or la recherche montre que la comparaison nuit gravement au bonheur. Une personne heureuse de son nouveau break sera tout d’un coup moins heureuse en voyant son voisin au volant de son puissant 4×4 encore plus nouveau. Mais qui pourrait comparer vos vacances dans le désert d’Atacama, au Chili, avec celle de votre belle-sœur dans le Vienne de Gustav Klimt ? Ni elle, ni vous… ni personne. Ça n’aurait pas de sens. Il n’y a aucune commune mesure.

L’aventure ou le fauteuil

Il y a une autre comparaison à laquelle échappe bienheureusement l’expérience : c’est celle que l’on fait entre ce qu’on a et ce qu’on aurait pu avoir. Imaginez ! Vous venez de vous acheter un nouveau fauteuil, magnifique, super cosy. Vous êtes confortablement calé dedans, les pieds nus sur la table, un mojito à la main… Le bonheur total ! Et puis vous avez un ami au téléphone qui vous explique que vous auriez pu avoir ce fauteuil pour deux fois moins cher une rue plus loin. Là, votre bonheur descend en flèche ! L’expérience, quant à elle, est ce qu’elle est. On ne peut pas la comparer à ce qu’elle aurait pu être, parce qu’alors on n’est plus dans le réel.

Le bonheur de perdre sa valise

Enfin, pendant que les objets vieillissent, le souvenir d’une expérience reste intact, voire s’embellit avec les années. Lorsqu’il y a une dizaine d’années, je suis allé au mariage de mon frère à New-York, ma valise a été perdue pendant le voyage. J’étais très contrarié sur le moment. Mon costume était dedans, ainsi que ma chemise et ma cravate que j’avais passé trois heures à choisir. Ça m’a vraiment stressé. Aujourd’hui j’en rigole : ce fut l’occasion de louer un tuxedo. J’étais à ce mariage en smoking américain, comme dans les films de Hollywood. C’est souvent avec bonheur que nous revisitons nos expériences. Alors qu’un jour ou l’autre, nous finissons par jeter nos objets.

Faire ou avoir

La prochaine fois que vous aurez à faire une dépense qui ne concerne pas vos besoins vitaux (pour lesquels, il n’y a pas de questions à se poser), interrogez-vous sur l’expérience que cela vous amènerait à vivre. Demandez-vous à quel point ça pourrait contribuer à votre bonheur ? Si c’est un objet, est-il le vecteur d’une riche expérience ou n’est-il qu’une chose totalement inerte ? Un gaufrier, par exemple, n’est pas un objet indispensable. Mais il peut être porteur d’expériences mémorables avec les enfants. On prépare la pâte ensemble. On la laisse reposer sous un torchon. On s’impatiente. Enfin, on fait cuire les gaufres. On les mange en riant, avec du sucre glace sur le nez qu’un autre vous aura soufflé. Et puis, plusieurs années plus tard, quand les enfants sont grands, tandis que le gaufrier rouille sous la poussière au fond d’un placard, on se souvient avec émotion de ces moments d’insouciance… Et on rit encore.

Nous sommes ce que nous faisons, pas ce que nous avons. Investissez dans les expériences. Et si un objet ne fait pas votre bonheur, rendez-le !

Quels sont les expériences qui vous ont apporté le plus de bonheur ? Dites-le-moi dans les commentaires.